"La République détestait l'armée, en qui elle voyait l'ennemi de l'intérieur, infiniment plus dangereux à ses yeux que l'étranger. Elle s'appliqua à l'affaiblir, à la discréditer, tout en la domestiquant. Elle n'y réussit que trop bien. L'armée se laissa faire docilement. A chacun de ses succès, la République se hâta de la rejeter dans sa condition de galeuse indésirable et mal payée.
Après 1870, notre armée était parvenue à une assez belle résurrection. La République la démolit alors par l'affaire Dreyfus, en dépêchant à son ministère ses plus tortueux politiciens. En 1919, l'armée, grâce à ses poilus, ruisselait de gloire.
Le régime lui tourna le dos, l'accabla d'avanies, lui marchanda le plus modeste panache. L'armée ne réagit pas, se fit plus inerte à mesure que le poison la gagnait. Quand un lion souffre qu'on lui rogne les dents et les ongles sans même froncer le nez, ce n'est plus un lion, mais une descente de lit, promise aux injures du pot de chambre. Ce qui est arrivé."
Lucien Rebatet.
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