Chez les peuples indo-européens, la sacralité des arbres occupe une place privilégiée au cœur des représentations symboliques.
D’une manière générale, pour les sociétés agro-pastorales des régions tempérées, l’arbre et la forêt servaient de refuge, offraient l’alimentation pour les hommes et le bétail, ainsi que du bois de chauffage et de construction.
Chez les Celtes anciens, c’est, parmi toutes les essences d’arbres, le chêne qui revêtait semble-t-il une importance particulière : les textes légendaires irlandais du Moyen-âge évoquent encore la tradition selon laquelle l’intronisation royale se faisait toujours auprès d’un arbre sacré, le plus souvent un chêne, dont la longévité et la robustesse étaient gage de réussite.
Probablement très tôt, dès le Néolithique et l’Âge du Bronze, les peuples d’Europe conférèrent une valeur particulière à certains individus particulièrement grands, solides ou âgés (comme pour l’Irminsul saxon, attesté pour l’époque de Charlemagne).
De là, l’arbre devint souvent une image du centre du monde, de l’axe même du monde reliant les trois niveaux inférieur, médian et supérieur (l’arbre cosmique attesté dans plusieurs mythologies, comme l’Yggdrasil scandinave), puisqu’il plonge ses racines profondément dans la Terre, élance ses branches vers le ciel, comme pour le soutenir à une échelle plus petite, l’arbre était souvent associé à la symbolique du centre des territoires ethniques, le mediolanum des Celtes, littéralement « le milieu de la plaine », devenu le nom de nombreuses cités du monde celte (Melun, Meylan, Mâlains, Milan, etc).
Outre celui de Maxime de Tyr, le témoignage le plus explicite qui nous soit parvenu de la très ancienne sacralité du chêne est un célèbre texte de Pline l’Ancien (un érudit romain de la seconde moitié du Ier siècle ap. J.-C.), dans lequel il décrit la religion des Gaulois et s’intéresse en particulier aux pratiques des druides.Voici ce qu’écrit Pline :
“ Les druides (c’est ainsi qu’ils appellent leurs mages) n’ont rien de plus sacré que le gui et l’arbre dans lequel il croît […] C’est un fait qu’ils pensent que tout ce qui pousse sur ces chênes est d’origine céleste et que c’est le signe que l’arbre a été choisi par le dieu lui-même.”
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