Le gaspillage est l’un des moteurs principaux du capitalisme. Ce gaspillage est d’ailleurs programmé (obsolescence prématurée des objets intégrée dans le cahier des charges de leur production), organisé (dates de péremption injustifiées, changements de normes induisant des changements de matériels…) et encouragé (Mode, publicité, marketing…) par tous les hérauts et bateleurs du système pour lequel le renouvellement inutile, coûteux et permanent des marchandises est la condition sine qua non de survie.
Le dispensable est donc érigé en nécessaire, le superflu en fondamental et le dérisoire en essentiel.
Pourquoi faire réparer ce four alors que le remplacer serait tellement plus rapide, à peine plus coûteux, et permettrait de bénéficier de la dernière option « cuisson spéciale nems et tajins » du nouveau catalogue du fabricant ?
Pourquoi recoudre les boutons de cette chemise ou reprendre les mailles de ce pull alors que ces vêtements ne sont plus tout à fait de la dernière « tendance » vantée par les magazines, que, d’autre part, ces travaux de couture exigent un savoir faire que vous ne possédez pas et qu’il serait laborieux d’acquérir alors que les petits chinois peuvent vous fournir une entière nouvelle garde-robe pour un prix défiant toute concurrence ?
Ainsi, cordonneries et merceries ferment une à une, des métiers et des savoirs faire se perdent au seul profit de la grande distribution et du productivisme effréné. Ainsi des tonnes d’appareils en état de fonctionnement ou aisément réparables s’entassent dans des décharges immenses, à l’impact écologique catastrophique, en étant remplacés chez leurs anciens propriétaires par de nouvelles versions davantage « gadgétisées » et donc plus fragiles, tandis que d'innombrables individus s’endettent, parfois dramatiquement, pour acquérir l’équivalent de ce ces déchets de luxe. Ainsi les armoires dégueulent de fringues jamais portés qu’on n’a même plus la force d’apporter à des œuvres de charité.
Sous nos cieux occidentaux écrasés par l’avoir, la dignité se situe désormais dans la capacité de distance envers les conformismes mercantiles du temps et dans l’aptitude à vouloir être et non à chercher à paraître. Sobriété, humilité et décroissance.
Face aux pathologies de l’achat comme substitut d’être au monde, il est donc urgent de réhabiliter et de promouvoir un comportement dont l’extrême simplicité ne doit pas masquer l’absolue nécessité. N’acheter que ce dont l’utilité a été mûrement réfléchie, choisir des produits de qualité (si possible fabriqués en France ou tout au moins en Europe dans des conditions sociales et saniataires acceptables) et chercher à les conserver aussi longtemps qu’il est possible.
Dans la même optique, lorsque que l’on sépare, pour une bonne raison, de tel ou tel objet, il convient de ne jamais oublier de s’enquérir au préalable auprès de son entourage ou dans des circuits d’échange s’il ne pourrait pas être utile à quelqu’un. De la même façon, lorsqu’un achat est malgré tout nécessaire, n’oublions jamais, avant de nous précipiter dans les entrepôts des enseignes aveuglantes du totalitarisme marchand, de vérifier si cet objet n’est pas disponible dans un circuit parallèle, d’occasion ou de seconde main ou chez un artisan ou petit commerçant de notre communauté.
1 commentaires:
Excellent article !
La révision des comportements mercantiles va se révéler de plus en plus indispensable pour repenser la vie quotidienne.
L'économie est une invention et n'est QUE cela. Qu'elle soit capitaliste libérale ou marxiste collectiviste, l'économie est un fait virtuel qui n'est en rien une fatalité.
La faillite mondiale du système "économiste" basé sur la surexploitation de ressources naturelles non renouvelables va, de gré ou de force, changer radicalement notre rapport à la matière et à l'objet.
Pour que cesse en douceur ce fétichisme aux implications psychosomatiques, apprenons d'emblée et progressivement à nous extraire de l'ubris... apprenons à redonner un sens à nos priorités... apprenons à nous détacher des fausses valeurs pour revenir à la vie.
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