Le peuple Arverne peut s’appuyer sur un sentiment national gaulois qui s’est conforté, semble-t-il, face aux prétentions romaines et réussit à faire oublier aux Gaulois leur goût immodéré pour les divisions.
César explique qu’avant même l’initiative de Vercingétorix, « les chefs de la Gaule tiennent des conciliabules dans des endroits au milieu des bois ». Ils tiennent un langage propre à exalter la fierté de leurs peuples : "Il vaut mieux mourir en combattant que de ne pas recouvrer la vieille gloire militaire qu’ils ont reçue de leurs ancêtres". Et, ajoute César, "on s’engage par des serments solennels autour des étendards rassemblés - cérémonie par laquelle, chez eux, on noue les liens les plus sacrés".
Ces mâles déterminations permettent à Vercingétorix de grouper rapidement, autour de ses Arvernes, les Sénons, les Parisiens, les Pictons, les Cadurques, les Turons, les Aulerques, les Lémovices, les Andes et tous les peuples riverains de l’Océan. Cela fait du monde... Vercingétorix peut donc engager le fer, d’autant que César, revenu en toute hâte d’Italie où il était allé faire sa propagande, pénètre dans le Massif central pourtant fortement enneigé. En Arvernie, Vercingétorix s’est solidement installé dans l’oppidum de Gergovie. César, convaincu de la supériorité militaire romaine, ordonne à ses légions de donner l’assaut. Celles-ci s’y cassent les dents et doivent refluer avec de lourdes pertes. Les Romains ont vérifié ce jour-là, à leurs dépens, l’efficacité des défenses gauloises (le murus gallicus, décrit par César et mis en évidence à Bibracte par l’archéologie, associe avec art, dans la construction des murailles, une armature interne en bois, les remblais de terre et les pierres de parement). Mais a joué aussi, à Gergovie, la farouche détermination des Gaulois, exaspérés par les massacres commis par les Romains (de l’aveu même de César, après la prise d’Avaricum, l’actuelle Bourges, ses soldats "n’épargnèrent ni les vieillards, ni les femmes, ni les enfants en bas age").
Mais Gergovie n'a été qu'un épisode dans la guerre des Gaules. Après ce succès, Vercingétorix a certes été confirmé dans ses fonctions de général en chef d’une vaste assemblée des peuples gaulois réunie sur l’oppidum de Bibracte (le mont Beuvray). Mais la défaite d’Alésia met un terme à la grande aventure. En s’offrant au vainqueur comme victime expiatoire, Vercingétorix entre dans l’immortalité. Le jeune chef arverne permet à sa patrie auvergnate d’apparaître comme le centre mythique d’une Gaule fière de son identité et capable de combattre pour elle jusqu’au sacrifice suprême. Capable, jusque dans la défaite, d’être fière de ce qu’elle est.
Pierre Vial.
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