dimanche 18 juillet 2010

L'orgue de la Chaise-Dieu

En 1683 Hyacinthe Serroni alors abbé commendataire de La Chaise-Dieu arrivé à la cour de France dans l’entourage du cardinal Mazarin décide de la construction du première orgue connu de l’abbatiale. Le décor s’inscrit dans la logique décorative du baroque français. Cette conception est déjà très archaïque pour la fin du XVIIe siècle.


Sous l’abbatiat du cardinal de Rohan, les travaux reprennent. Le chantier est confié à un facteur parisien : Marin Carouge. Il complète l’instrument de 1683. L’orgue est alors assez semblable à celui que nous connaissons aujourd’hui. Il doit comporter une quarantaine de jeux répartis sur quatre claviers et un pédalier.

La tuyauterie nouvelle prend place dans le grand buffet, d’un style assez différent de celui du positif de 1683. Ce second buffet est d’un style très classique « Louis XIV », bien que postérieur de douze ans à la mort du Roi-Soleil.
L’orgue sonne sans doute pour la dernière fois le 18 mars 1791. Les scellés sont apposés sur l’instrument. Il semble avoir été saccagé lors des fureurs révolutionnaires.


En 1849, le buffet est classé monument historique. Divers projets sont esquissés mais aucun ne verra le jour.
En 1958, la Maison Merklin refait les tuyaux de façades. Il faudra attendre l’élan donné en 1966 par l’illustre pianiste Cziffra pour que l’orgue se réveille enfin.

En 1976, Le facteur d’orgue Dunand de Villeurbanne termine une importante reconstruction. Pour la première fois depuis 180 ans, l’orgue résonne sous les voûtes de l’abbatiale. Cette restauration aspirait à retrouver l’orgue tel qu’il était à la fin du XVIIIe siècle. Hélas, le résultat n’était pas à la hauteur des attentes. L’instrument s’est vite dégradé et en 1990, il était à nouveau poussif et difficilement jouable.
En 1990, une restauration limitée avait été confiée au facteur Michel Garnier. En fait, il est vite apparu impossible de se contenter d’un rafistolage. L’administration des Monuments Historiques a préféré se lancer dans une véritable restauration d’envergure, afin de redonner à l’instrument tout son éclat.

L’orgue de La Chaise-Dieu est le type même de l’orgue classique français.

L’abbatiale bénéficie d’une acoustique agréable, du fait des tapisseries qui empêchent un écho trop fort, en revanche le jubé est un redoutable obstacle pour la propagation des sons.

L’instrument est utilisé dans les liturgies dominicales, pendant toute la période où les messes sont célébrées à l’abbatiale. Les amateurs peuvent le découvrir plus en détails à l’occasion des journées de l’orgue organisées tous les ans, la semaine qui précède le 15 août. Les plus grands organistes français ou étrangers s’y relaient. Le répertoire privilégié est bien évidemment celui des maîtres de l’école d’orgue française des XVIIe et XVIIIe siècles. Boyvin, Couperin, Grigny, Corette, Dandrieu et bien d’autres sont ici à l’honneur. L’instrument a été créé pour eux. Mais rien n’interdit de s’essayer sur Bach ou les classiques allemands et pourquoi pas certaines pièces de musique contemporaine. La sonorité devient curieuse à cause du tempérament mais elle est pleine de charme.

(Auteur : Eisbär)

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