jeudi 23 septembre 2010

De la démocratie en Amérique (Alexis de Toqueville 1840).

Je veux imaginer sous quels traits nouveaux le despotisme pourrait se produire dans le monde: je vois une foule innombrable d'hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils emplissent leur âme. Chacun d'eux, retiré à l'écart, est comme étranger à la destinée de tous les autres: ses enfants et ses amis particuliers forment pour lui toute l'espèce humaine; quant au demeurant de ses concitoyens, il est à côté d'eux, mais il ne les voit pas; il les touche et ne les sent point; il n'existe qu'en lui-même et pour lui seul, et s'il lui reste encore une famille, on peut dire du moins qu'il n'a plus de patrie.

Au-dessus de ceux-la s'élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d'assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort. Il est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux. Il ressemblerait à la puissance paternelle si, comme elle, il avait pour objet de préparer les hommes à l'âge viril; mais il ne cherche, au contraire, qu'à les fixer irrévocablement dans l'enfance; il aime que les citoyens se réjouissent, pourvu qu'ils ne songent qu'à se réjouir. Il travaille volontiers à leur bonheur; mais il veut en être l'unique agent et le seul arbitre; il pourvoit à leur sécurité, prévoit et assure leurs besoins, facilite leurs plaisirs, conduit leurs principales affaires, dirige leur industrie, règle leurs successions, divise leurs héritages; que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre?

C'est ainsi que tous les jours il rend moins utile et plus rare l'emploi du libre arbitre; qu'il renferme l'action de la volonté dans un plus petit espace, et dérobe peu a peu chaque citoyen jusqu'à l'usage de lui-même. L'égalité a préparé les hommes à toutes ces choses: elle les a disposés à les souffrir et souvent même à les regarder comme un bienfait.

Après avoir pris ainsi tour à tour dans ses puissantes mains chaque individu, et l'avoir pétri à sa guise, le souverain étend ses bras sur la société tout entière; il en couvre la surface d'un réseau de petites règles compliquées, minutieuses et uniformes, à travers lesquelles les esprits les plus originaux et les âmes les plus vigoureuses ne sauraient se faire jour pour dépasser la foule; il ne brise pas les volontés, mais il les amollit, les plie et les dirige; il force rarement d'agir, mais il s'oppose sans cesse à ce qu'on agisse; il ne détruit point, il empêche de naître; il ne tyrannise point, il gêne, il comprime, il énerve, il éteint, il hébète, et il réduit enfin chaque nation a n'être plus qu'un troupeau d'animaux timides et industrieux, dont le gouvernement est le berger.

4 commentaires:

  1. Heureuse initiative de faire connaître cet extrait du livre le plus célèbre de ce cher Alexis de Tocqueville sur "Racines"... Un blog où l'on ne censure pas l'"incensurable"... TANT MIEUX !

    De la Démocratie en Amérique a sans doute avant tout le monde vu les dérives autoritaires molles et insidieuses de l'égalitarisme dogmatique, de l'horizontalité absolue... avant et mieux que Nietzsche !

    A LIRE INCONTOURNABLE !

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  2. Très bon extrait, je trouve que Alexis de Tocqueveille a très bien expliqué les dérives de l'égalitarisme politique qui ménerait sans nul doute à des tyrannies monstrueuse tel que le communisme.

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  3. Ici
    PIERROT, RÊVEUR ÉQUITABLE DU QUÉBEC

    Bravo pour cet extrait
    d'un texte d'Alexis de Tocqueville

    Dans le cadre de mon vagabondage poétique
    blogues-musée pertinents mais aléatoires
    pour mon oeuvre pertinente mais aléatoire,

    permettez-moi
    de vous offrir
    une de mes chansons

    DANS UN CAFE PHILO

    COUPLET 1

    dans un café philo
    pour des profs des ados
    où la question était
    q’est-il permis d’espérer?

    moi l’vieux hippie
    pas invité
    j’me suis levé
    et j’ai murmuré

    REFRAIN

    faut être prêt
    à mourir pour son rêve

    quitte à dormir dehors
    car la vie est si brève

    faut être prêt
    à mourir pour son rêve

    qiuitte à dormir dehors
    car la vie est si brève

    COUPLET 2

    dans un café philo
    pour des profs des ados
    j’ai dit mort à la mort
    par la vie privée oeuvre d’art

    face à leurs profs
    aux yeux sans vie
    les étudiants
    m’ont applaudi

    COUPLET 3

    dans un café philo
    dans les yeux des ados
    j’ai vu naître l’esquisse
    d’un pays oeuvre d’art,
    oeuvre d’artistes

    de jeunes rêveurs équitables
    des milliers de pèlerins nomades

    allumant des millions de rêves
    par des poignées de mains insatiables

    REFRAIN FINAL

    faut être prêt
    à mourir pour son rêve

    quitte à dormir dehors
    car la vie est si brève

    oui moi je dors dehors
    qu’importe si j’en crève

    parce que déjà
    ma vie privée oeuvre d’art
    s’achève

    Pierrot
    vagabond céleste

    www.enracontantpierrot.blogspot.com
    www.reveursequitables.com

    www.demers.qc.ca
    chansons de pierrot
    peroles et musique

    sur google,
    Simon Gauthier, conteur, video vagabond celeste

    merci:)))

    PIERROT, RÊVEUR ÉQUITABLE DU QUEBEC:)))

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  4. ENTRE MONTREAL ET PARIS
    SIMON GAUTHIER
    LE VAGABOND CELESTE

    courriel de Simon Gauthier
    du 3 avril 2013
    le lendemain de son spectacle
    LE VAGABOND CELESTE
    à la maison de la culture
    cote des neiges, montreal

    Salut Pierrot,

    Tu dormais mon cher,
    sur ta paillasse
    hier au soir
    tu dormais sur la plancher
    de ton ami chansonnier

    tu dors dans les draps de ton doctorat

    pendant que je conte
    l’histoire de cet homme vagabond
    de cet écho de ta vie
    de cet inspirant récit
    d’un homme voyageur
    vêtu de lumière

    Pendant que le vagabond céleste marche
    parmi les étoiles
    tu peux dormir mon ami
    tu peux dormir

    dans l’esprit des gens
    réunis,
    tinte tinte les clefs
    tinte
    tinte
    le rêve
    Le vagabond céleste
    habille de chaleur

    le corps désir de ceux qui rêvent et de ceux qui pleurent
    ceux qui rêvent et de ceux qui pleurent

    Bonne journée Pierrot

    Simon

    ——

    réponse de Pierrot

    Cher Simon

    Oui, hier soir, je dormais avec, dans mes bras, la biographie de Cervantes
    de Jean Canavaggio. Ce Cervantes qui a écrit Don Quichotte à 53 ans alors qu’il était en prison et qu’il lui manquait un bras.Qui aujourd’hui ferait confiance à un homme de 53 ans en prison à qui il manque un bras?:))))) Seul un impossible rêve permet un tel surgissement d’impossible réalité.

    On m’a rapporté l’immense délicatesse artistique avec laquelle tu redonnes
    espoir à ceux et celles qui écoutent le conteur-poète de la Côte nord.Autant Mon ami Woodart que mon compère de bibliothèque Raymond le philosophe ont été invités par ta passion de passeur de rêves à naviguer vers leur rêve personnel. Tu as fait de ma démarche un conte post-moderne qui risque d’enflammer les humains comme des lampadaires. Tu es vraiment devenu un allumeur de coeurs-réverbères. Woodart a été plus qu’épaté. Lui qui me connait à l’usure depuis 40 ans, il a noté ta force à coudre des tableaux de mots par de la lumière de rêve dans laquelle il a reconnu ta signature d’une très grande maturité créatrice.

    Une vie d’artiste, c’est une longue marche
    et je te vois enjamber des continents
    un flambeau à la main.

    Mes 64 ans bien au calme
    dans leurs bottines
    qui se préparent à repartir le 15 juin
    saouls de liberté, te souhaitent

    Bonne route internationale camarade, car,
    comme Félix, un jour, le succès t’attendra
    ici au Québec à un de tes retours d’Europe.

    Pierrot

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