jeudi 30 décembre 2010

Copie d'un élève de 3ième en 1976 sur le thème de la Patrie.

Etranger, mon ami, tu me demandes ce que signifie le mot ” Patrie “. Si tu as une mère et si tu l’honores, c’est avec ton coeur de fils que tu comprendras mes propres sentiments. Ma patrie, c’est la terre de France ou mes ancêtres ont vécu. Ma patrie, c’est cet héritage intellectuel qu’ils m’ont laissé pour le transmettre à mon tour.

Viens voir, étranger, la beauté des paysages de France, la splendeur des monuments édifiés par mes aïeux. Va te reposer dans le vert marais poitevin, admire les roches rouges d’Agay qui se baignent dans le bleu de la mer de Provence. Chemine simplement de Paris vers Lyon. Sur la route, près d’Avallon, l’élégance raffinée de la basilique de Vézelay fera surgir pour toi l’épopée de nos croisades. Tu arriveras plus loin au château de la Rochepot qui donne à la région un air médiéval. N’oublie pas de visiter en Bourgogne le ravissant hospice de Beaune. Ne néglige pas le barrage de Génissiat. Continue, regarde, réjouis-toi de tant de beauté.

Mais si la France, ma patrie, n’était que belle et aimable, mon amour pour elle ne serait pas si grand. Elle est mieux encore : intelligente et cultivée. La clarté de sa pensée, la finesse de son esprit, l’excellence de son goût te sont déjà connus. Des idées venues de France ont influencé l’humanité toute entière. Sais-tu par exemple, que la bibliothèque personnelle de Frédéric II de Prusse, conservée à Berlin, ne contient que des livres écrits en français ? Ainsi, bien au-delà de nos frontières, des hommes de France sont célèbres : philosophes, écrivains, poètes, artistes, savants. [...]

Et vous, héros humbles et méritants, qui avez fait la France brave et fidèle, vous guerriers morts pour la patrie, comme je vous suis reconnaissant de m’avoir conservé ce précieux bien de mes ancêtres ! [...]

Et toi mon ami, qui es aussi comme moi une créature de Dieu, ne vois-tu pas qu’ici en France, tu es en terre chrétienne ? Les oratoires pittoresques, les calvaires aux croisées des chemins, les flèches de nos cathédrales sont les témoins de pierre d’une foi vivante. [...]

Tu comprends maintenant pourquoi, ami étranger, j’aime et je vénère ma patrie comme ma mère; pourquoi, si riche de tout ce qu’elle me donne, je désire transmettre cet héritage. Ne crois pas que cet amour que j’ai au coeur soit aveugle. Mais devant toi, je ne dirai pas les défauts de ma mère Patrie. Car tu sais bien qu’un fils ne gagne rien à critiquer sa mère. C’est en grandissant lui-même qu’il la fait grandir. Si je veux ma patrie meilleure et plus saine, que je devienne moi-même meilleur et plus sain.

La France, ma patrie a tant de qualité que je ne saurais, ami étranger, te priver de sa douceur; si tu sais découvrir ses charmes et ses vertus, tu l’aimeras, toi aussi. Je partagerai avec toi ses bontés et, loin de m’appauvrir de ce don, je m’enrichirai de cette tendresse nouvelle que tu lui porteras. Mais ne l’abîme pas, ami étranger, la France, ma douce patrie, ma chère mère; ne la blâme pas, ne la pervertis pas, ne la démolis pas car je suis là, moi son fils, prêt à la défendre.

mardi 28 décembre 2010

Henri Vincenot : la terre, la tradition, la race, d'un bourguignon salé.

Né à Dijon en 1912, Henri Vincenot fut considéré comme l’un des plus grands écrivains identitaires du siècle précédent. Homme de lettres, peintre et sculpteur, il incarnait son identité dans la vie de tous les jours, et sut la transmettre dans ses créations artistiques ou littéraires.

Elevé par ces deux grands-mères, elles lui apprennent très vite le secret de la nature, des plantes, des vertus du soleil et de la lune, à lire dans les étoiles. Mais c’est surtout auprès de ces deux grands pères qu’il va pouvoir acquérir un solide sens paysan qui va lui servir de ligne directrice tout au long de sa vie. Ils lui transmettront la flamme de ce qui deviendra la grande passion de sa jeunesse : la chasse au sanglier, cette chasse qui incarne l’identité gauloise à laquelle Henri Vincenot était si attaché.

Ecrivain de combat, sa littérature est profondément marquée par son attachement à sa région natale, la Bourgogne. Toujours dans ces écrits, il nous parle et remet en valeurs différentes anciennes pratiques païennes, celtiques, tout en montrant qu’elles sont intégrées dans la culture populaire catholique.

Son premier succès littéraire viendra en 1978 avec la « Billebaude », roman qui incarne la sagesse de la paysannerie française, ce livre nous rappel à nous Français, que nous n’avons jamais cessés d’être un vieux peuple des sources et des forêts, un vieux peuple de paysans que le modernisme actuel est entrain d’effacer.

Ce succès va raviver celui d’un livre écrit cinq ans auparavant, le « Pape des escargots ». Viendra par la suite, les fameuses « Etoiles de Compostelle » qui mènent un jeune essarteur Bourguignon du XIII siècle à pénétrer dans les secrets des mystérieuses aventures des bâtisseurs des cathédrales. Henri Vincenot fut toujours prêt à défendre l’héritage de sa région, de son pays et de l’Europe face à un monde désenchanté, individualiste, matérialiste et mercantile.

Il mourut le 21 novembre 1985 à Dijon.Fidèle à sa terre et à son peuple de son vivant. Henri Vincenot l’est encore dans la mort, reposant désormais dans la terre nourricière, au milieu des siens, au cœur de la forêt, dernier refuge des dieux de la vieille Gaule, à l’ombre d’une croix celtique de pierre.

dimanche 26 décembre 2010

Gastronomie de terroir : le Kig ha farz

Recette pour 6 personnes environ :

500 gr. de jarret de porc, 300 gr. de lard, 300 gr. de bœuf, quelques carottes,4 oignons, 1 chou, 1 navet, 500 gr de farine de blé noir, 2 œufs, 50 gr. de beurre salé, du lait, 250 gr de crème fraîche, 1 cuillère à soupe de gros sel, un bout de ficelle, un petit sac de toile de jute propre, ou un torchon solide.

Epluchez les légumes, puis déposez-les avec la viande dans une grande cocotte remplie d’eau. Allumez le feu sous la cocotte et laissez cuire doucement au moins une heure.

Délayez la farine avec les œufs ainsi qu’un peu de lait dans lequel vous aurez ajouté du gros sel et faites fondre beurre. Ajoutez la crème fraîche. Glissez la pâte dans le sac de toile que vous ficellerez soigneusement, de manière à ce que le farz ne s’échappe pas. Plongez-le dans la cocotte et laisser cuire l’ensemble au moins deux heures.

Pour finir, émiettez la pâte et servez-la dans des assiettes creuses avec un ou plusieurs morceaux de viande, quelques légumes et une bonne dose de bouillon.

Pour accompagner ce plat un vin rouge s’impose : un Bordeaux, un Anjou ou un Madiran feront l’affaire.

Le kig ha farz est un plat simple et consistant, idéal pour se régaler après une balade sur la lande bretonne, par une journée un peu humide d’automne ou d’hiver…

vendredi 24 décembre 2010

Victoires militaires françaises du 24 décembre.

24 décembre 1941
Les Français prennent 4 navires anglais près de Gibraltar.

24 décembre 1793
Les Français prennent Haguenau.

24 décembre 1941
Les FNFL reprennent St-Pierre et Miquelon.

Et dire qu’il y a encore des gens pour croire que l’histoire militaire française se résume a Azincourt, Waterloo ou Trafalgar…

(Auteur : Waterman)

jeudi 23 décembre 2010

Roue Breizh : les seigneurs de Brocéliande.

« Rejoignez-moi, princes de Cornouaille, de Brocéliande et de Domnonée ! Je suis revenu du fond des âges et vous invite, moi le ROUE BREIZH, à bâtir un royaume. Ensemble, ramenons la paix et la prospérité en terre d’Arthur et de Nominoé ! » Premier jeu éducatif consacré à la Bretagne celtique. « Roue Breizh », créé par Marc Varoujan devrait faire un tabac en Bretagne et pourquoi pas ailleurs.

Validé par des historiens, archéologues et linguistes, « Roue Breizh », qui se pratique en équipe, est un jeu de stratégie et de négociation destiné à un large public, car trois niveaux de jeu sont possibles : une règle « découverte » pour les enfants à partir de 8 ans, une règle « avancée » pour les plus grands et enfin une règle « experts » pour les adultes.


« Roue Breizh », qui a pour thème la Bretagne celtique du Haut Moyen Age, fait appel à l’intelligence et au sens de la négociation des joueurs. S’incarnant dans des seigneurs bretons issus de l’aristocratie celte, ceux-ci vont devoir renforcer leurs cités, nouer des alliances contre les envahisseurs vikings, francs et normands pour fonder leur royaume. Ils disposent pour ce faire de troupes de soldats. Et le vainqueur sera couronné Roi de Bretagne (Roue Breizh)!

Rouebreizh.com

mercredi 22 décembre 2010

Bière La Desouchière : une blonde brassée et enracinée en Bourgogne.

La bière La Desouchière est une bière de fermentation haute (6 % vol), non filtrée, non pasteurisée et refermentée en bouteille. C'est une bière blonde artisanale, brassée en Bourgogne.

Elle est vendue par lots de 12 bouteilles de 33 centilitres et peut être livrée partout en France.

Pour plus de renseignements et passer commande auprès du maître brasseur, rendez vous sur le site Bière La Desouchière.com

mardi 21 décembre 2010

Solstice d'hiver : fête de Yule.

Yule est le nom de la fête hivernale germanique et nordique qui marque le jour le plus court, et par là même, la nuit la plus longue de l'année.

C'est pourtant au sein de cette période que va prendre naissance l'élan des jours croissants et l'espoir d'un prochain printemps car après sa gestation dans le ventre de la mère, le soleil se montre invaincu.

La nuit du solstice, les anciens veillaient auprès du feu pour attendre la renaissance du soleil, le donneur de vie qui réchauffe la terre, lui permettant de faire éclore les graines protégées dans ses entrailles. En accord avec la tradition, la bûche de Yule devait soit avoir été récoltée sur sa propre terre, soit avoir été offerte, mais jamais elle ne devait être achetée. Une fois dans la maison et placée dans la cheminée, elle était décorée de plantes de la saison, arrosée de cidre ou de bière, et saupoudrée de farine. Puis on y mettait le feu grâce à un morceau de la bûche de l’année précédente conservé dans cet unique but, s'en suivait un repas et des festivités chaleureuses pouvant durer jusqu'à douze jours !

lundi 20 décembre 2010

Les herbes médicinales et magiques du Moyen âge.

La connaissance des effets thérapeuthiques et des pouvoirs étranges des plantes remonte trés probablement aux origines de l'humanité. Au Moyen Âge, l'univers végétal, loin de fournir seulement des éléments indispensables à l'alimentation des hommes et des animaux, est au centre d'un système relationnel complexe entre environnement et société. Omniprésente dans la vie quotidienne, divinatoires, consolatrices, protectrices, guérisseuses, maléfiques..., des centaines d'espèces alimentant un savoir empirique millénaire ou des superstitions tenaces, entrent dans la composition d'onguents, de potions, de philtres... Pharmacopée et magie s'entremêlent inextricablement. La preuve par huit.

• Le Datura : Gare à cette solanacée aux fleurs en forme de trompette, elle entre dans la composition d'onguents destinés à provoquer des transes, des hallucinations et des sensations de lévitation (la scopolamine contenue dans cette plante toxique, comme on le sait aujourd'huit, fait perdre la volonté et la mémoire des faits postérieurs à la prise) ! Également considéré comme aphrodisaique, la datura pourrait être à l'origine des visions fantastiques grouillant de boucs et de démons lubriques dont les procès de sorcellerie font grand cas.

Millepertuis
• Le Millepertuis : Mentionné dans les écrits de Dioscoride (un médecin grec des armées de Néron), Galien, Pline l'Ancien, Hippocrate et Parcelse, le millepertuis, alias "l'herbe de Saint-Jean" (la légende voulant que cette simple soit née du sang de Saint-Jean-Baptiste) est surtout utilisé au Moyen Âge pour soulager les embarras digestifs, traiter les brûlures, les problèmes urinaires, les douleurs menstruelles, l'anémie... Cueilli au matin de la Saint-Jean, au plus fort des influences solaires, il passe également pour repousser l'esprit des ténèbres et guérir les possédés.

• La Sauge : Salvia (je sauve). Son nom latin en dit long sur le crédit dont elle jouit depuis les temps les plus reculés. Dans la pharmacopée médiévale, la sauge est la plante reine des convalescents. Elle combat les sueurs, le manque d'appétit, la dépression physique et morale... Trés en vogue à l'École de Salerne (l'école de médecine la plus importante du Moyen Âge) on dit de cette labiacée que "si son usage ne rend pas l'homme immortel, c'est qu'il n'y a point de remède contre la mort".

Mandragore
• La Mandragore : L'une des "armes" les plus redoutées de l'arsenal magique, à manier avec d'infinies précautions, comme la belladone. Réputée croître au pied des gibets où le sperme des pendus innocents la féconde, cette espèce de solanacée (dont la racine bifide, qui peut atteindre 60 cm de long évoque par sa forme les jambes d'un corps humain) pousse un cri terrifiant quand on veut l'arracher et ceux qui cherchent à s'en emparer son foudroyés ! Malgré son exécrable image de marque, la mandragore met parfois ses pouvoirs au service du Bien et assure prospérité et fertilité. À la Renaissance, ses alcaloïdes seront utilisés comme anesthésiques par Ambroise Paré.

• La Jusquiame : Une multitude de légendes et de croyances s'attachent à cette cousine velue, visqueuse, narcotique et calmante de la mystèrieuse mandragore. "Ceux qui en mangent sortent hors du sens, pensent qu'on les fouette par tout le corps, bégayant de la voix, bramant comme des ânes et hennissant ainsi que des chevaux", commente au XIe siècle le médecin et philosophe perse Avicenne. Maléfique, la jusquiame fait partie des plantes entrant dans la préparation des breuvages et pommades qui emmènent les sorcières au sabbat. Bien que dangereuse, les "chirurgiens" utilisent toutefois ses graines pour calmer les rages de dents.

Angélique
• L'Angélique : Baptisée la "racine des anges" par le médecin suisse Paracelse (1493-1541), cette ombélifère est parée de toutes les vertus : un cataplasme de ses fleurs fraîches bouillies ou macérées dans de l'huile, dit-on, neutralise les venins, sa poudre ingérée dans une boisson apaise les troubles de l'estomac, les diarrhées, les toux, les grippes et les rhumes.

• L'Hellébore : "Ma commère, il faut vous purger avec quatre grains d'héllébores", dit le lièvre à l'insensée tortue qui prétend se mesurer à lui dans la Fable de La Fontaine. Qualifué de fétide en raison de l'odeur repoussante qu'elle dégage quand on la touche, l'hellébore, alias "herbe aux fous", passe pour soigner les dérangements cérébraux. Cet usage perdurera jusqu'au XIXe siècle.

Armoise
• L'Armoise : Connue depuis l'Antiquité pour ses propriétés emménagogues (facilitant les régles), l'armoise, au Moyen Âge, a la réputation d'éloigner les dangers qui menacent le pauvre monde. "Celui qui porte toujours sur lui de cette herbe ne craint point le mauvais esprit, ni le poison, ni le feu et rien ne peut lui nuire", écrit au XIIIe siècle la savant et théologien Albert le Grand. Cette plante herbacée entre aussi dans la composition des philtres destinés à "dénouer l'aiguillette", un maléfice qui frappe d'impuissance les jeunes époux.

Les Cahiers de Science & Vie n°105, 2008.

dimanche 19 décembre 2010

Patrie celtique.


Au coeur d'une forêt surplombant la vallée de l'Ouche (Bourgogne), sous trois grands chênes, les trois sépultures de la famille Vincenot matérialisent la seule fidélité qui compte : celle qui relie les hommes à leurs proches et à leur terre.

samedi 18 décembre 2010

Le mythe de la Grande Chasse.

Dans maints villages, on rapportait autrefois que, par certaines nuits, l'on pouvait entendre et même voir, à travers les bois et les champs, déferler à toute vitesse ce qui était tantôt dénommé grande chasse, tantôt chasse sauvage ou chasse fantastique. Selon les endroits, la composition de cette chasse pouvait varier, mais généralement, on y trouvait une meute impressionnante et nombreuse, laquelle précédait, dans une course folle, un ou plusieurs chasseurs montés à cheval. Parfois, ces cavaliers étaient des squelettes ou des espèces de cadavres, tandis que leurs montures étaient généralement étincelantes et crachaient le feu. Parfois encore, cette démoniaque équipée poursuivait un gibier qui se révélait presque toujours être un cerf. Le tout se déroulait dans un vacarme épouvantable et terrifiant, constitué par les aboiements de la meute, les sons des cors et les bruits des tirs. Il va de soi que ceux qui, par malheur, trouvèrent sur leur chemin nocturne la course de la grande chasse, n'eurent pas à s'en féliciter. Ils pouvaient déjà bien s'estimer heureux lorsqu'ils s'en tiraient vivants.

En Basse-Semois, la grande chasse la plus connue est la chasse infernale de Bohan. Elle a été rapportée par de nombreux auteurs de livres de folklore et de guides touristiques, et la description qu'ils en donnent correspond assez à ce qui a été indiqué ci-dessus. Mais ce qui, à propos de cette grande chasse, mérite une particulière attention, c'est qu'elle se produisait non loin d'un lieu dénommé Bois Artus. En effet, dans une étude récente, il a été relevé qu'une des appellations essentielles de celle-ci dans diverses provinces de France, est chasse du roi Artus ou chasse Artus.

En l'occurence, ces dénominations ne font pas difficulté puisqu'elles font simplement référence au nom «Artus» d'un personnage légendaire que le mythe a intégré. Par contre, il est d'un intérêt prodigieux de constater qu'à Bohan, la grande chasse se déroule près d'un lieu appelé Bois Artus, et qu'à des centaines de kilomètres de la Basse-Semois, on retrouve la même grande chasse mais s'appelant, elle, chasse Artus. On peut donc en déduire qu'il ne s'agit pas de souvenirs légendaires propres à l'Ardenne et qu'il serait possible d'expliquer par l'histoire et le folklore locaux. Par exemple, on a fait du chasseur maudit de Bohan un mauvais seigneur, lequel a d'ailleurs réellement existé à la fin du XVIIIième siècle, qui reviendrait, la nuit, expier ses méfaits. Or, la très grande diffusion des récits de grande chasse au travers de l'Europe, particulièrement de l'Ouest et du Nord, contrarie toute interprétation régionale et témoigne, à l'inverse, de ce que l'on se trouve en face des restes épars d'un mythe fondamental.

En définitive, qu'évoque la grande chasse? C'est, selon moi, le souvenir du plus important des dieux des anciennes religions nordique et germanique. Odin (ou Wodan), puisque c'est de lui qu'il s'agit, n'a pu survivre au christianisme que sous la forme d'un chasseur fantastique. Dans son excellent livre sur les dieux et la religion des Germains, le professeur Derolez l'indique d'ailleurs clairement: «Nous trouvons peut-être, écrit-il, une dernière trace du Wodan du continent dans la croyance populaire très répandue concernant le chasseur sauvage». Toutefois, il ne s'agit pas de n'importe quel souvenir du dieu Odin. En effet, les récits mythologiques relatifs à celui-ci sont nombreux et lui confèrent différents rôles. Parmi ceux-ci, deux sont particulièrement importants et pourraient avoir survécu dans la grande chasse.


En effet, on se rappellera que, dans le vieux monde nordique, la plus heureuse destinée qui pouvait être assignée à la vie d'un guerrier, était de tomber un jour ou l'autre au champ d'honneur, les armes à la main. L'âme du combattant était alors saisie par une Walkyrie et entraînée vers cette espèce de paradis militaire qu'était le Walhala. Là régnait aussi Odin, qui se trouvait ainsi à la tête d'une armée de fantôme. Or, on a vu justement dans la grande chasse une survivance de cette troupe d'âmes guerrières, hantant, la nuit, le monde entier. Il n'est donc pas étonnant que l'on décrive souvent les cavaliers qui accompagnent ou même qui mènent la grande chasse comme des fantômes ou des cadavres, voire des squelettes.

Mais il pourrait exister une autre interprétation, et, quant à moi, je la préfère. En effet, il ne faut pas perdre de vue, ainsi que le souligne fort bien l'écrivain normand Jean Mabire, qu'«Odin est avant tout un dieu voyageur. Aucun élément de l'immense Nature ne lui est étranger. Il chevauche dans les nuages, il galope dans les chemins et il plonge sous les vagues. Au fond des mers ou au sommet des collines, il cherche toujours la sagesse. Sa vie est une quête perpétuelle. Car la sagesse n'est pas immobile mais mouvante. L'esprit ne reste jamais en repos. Il souffle avec le vent, légère bise ou forte rafale. C'est lui qui fait frissonner les arbres; les idées voltigent parmi les feuilles mortes emportées par la tempête. Il faut se hâter de les saisir». La grande chasse serait alors le souvenir de cette course du dieu Odin, toujours à la recherche d'un savoir plus grand ou d'une connaissance plus approfondie de la Nature. Au vrai, ce ne serait plus, dès lors, seulement à la divinité païenne mais aussi à l'esprit qu'elle incarne, à savoir : le questionnement perpétuel et la soif d'apprendre et de découvrir sans cesse, auquel ce serait attaqué le christianisme missionnaire et totalitaire de nos régions. Ainsi c'est dans la légende qu'était confiné l'Esprit par des prêtres qui pensaient détenir la Vérité, totale et exclusive de toute autre.
 
Mais le mythe a survécu et l'Esprit n'est pas mort. Et bientôt, aux fantômes de la grande chasse pourraient bien succéder de nouveaux guerriers, en pleine possession de leurs forces, et combattant, non plus à la suite d'Odin, mais toujours aux côtés de l'Esprit et de la Nature.
 
Archives de RENAISSANCE EUROPEENNE (1980) - Jérôme BREBALLE.

jeudi 16 décembre 2010

L'Orchésographie de Thoinot Arbeau : un monument du patrimoine culturel français.

Le Bourguignon Thoinot Arbeau (1519-1595), alias Jehan Tabourot, chanoine de Langres, a laissé aux Français une oeuvre inestimable. Son Orchésographie, publiée en 1589, se présente comme un recueil et un manuel de musique, de chant et de danse, dont la conception très originale en a fait un monument de la civilisation française. L'ouvrage associe texte, image et musique, pour permettre aux lecteurs de reproduire les nombreuses danses qu'il propose. L'auteur a ainsi sauvegardé un patrimoine extraordinaire de musiques et de chants du XVIème siècle, dont les origines sont parfois très anciennes et qui se sont partiellement conservées dans les diverses traditions populaires régionales. Au départ ni populaires, ni aristocratiques, ces danses et ces musiques sont l'âme de tout un peuple. Le nôtre.

On trouve normalement assez facilement des enregistrements des musiques de l'Orchésographie, mais il est plus rare de pouvoir admirer les danses complexes qui devraient normalement les accompagner.



Voici un bel exemple de reconstitution, que le groupe tchèque Rond a eu l'excellente idée de mettre en ligne, nous permettant ainsi de découvrir les Branles d'Ecosse et une Gavotte.

Pour en savoir plus et avoir accès à l'Orchésographie :
- Graner.net et musicologie.org

(Source : Communauté gauloise.com).

mercredi 15 décembre 2010

Julien Freund : le sens de la patrie.

"On a beau ironiser sur le concept de patrie et concevoir l'humanité sur le mode anarchique et abstrait comme composée uniquement d'individus isolés aspirant à une seule liberté personnelle, il n'empêche que la patrie est une réalité sociale concrète, introduisant l'homogénéité et le sens de la collaboration entre les hommes. Elle est même une des sources essentielles du dynamisme collectif, de la stabilité et de la continuité d'une unité politique dans le temps. Sans elle, il n'y a ni puissance ni grandeur ni gloire, mais non plus de solidarité entre ceux qui vivent sur un même territoire."

Julien Freund, L'essence du Politique.

lundi 13 décembre 2010

Europa Radio.

Europa Radio, c'est avant tout des styles musicaux différents et variés afin de capter et d'exprimer l'essence originale et unique de l'âme Européenne. Europa Radio se veut également l'expression de la vision du monde traditionelle et commune aux filles et fils d'Europe.

Europa Radio est engagée, enracinée, autonome et libre. Son action culturelle et son message est orienté vers les jeunes générations d'Européennes et d'Européens conscients de leur spécificité et soucieux de la sauvegarde et de la pérénnité de leur civilisation. Europa Radio leur permettra de découvrir ou redécouvrir leur héritage et leur transmettra aussi force et énergie pour qu'ils construisent l'Europe de demain. Europa Radio est de ce fait à l'opposé de toute forme de Mondialisme ou d'unniversalisme, qu'il soit marchand, idéologique ou religieux.

Europa Radio est la voix de notre différence !

dimanche 12 décembre 2010

La sculpture romane : Gerlanus et le maître de Cabestany.

On a longtemps pensé que les artistes du Moyen-Âge avaient volontairement omis de faire figurer leur nom parce que leur oeuvre avait pour objectif la vénération de Dieu. Des centaines de signatures nous sont pourtant parvenues qui viennent contredire cette idée reçue. Malgré tout, la plupart des auteurs sont restés anonymes, d'abord à cause du manque de ressources documentaires, et ensuite parce que les sculpteurs s'en sont longtemps tenues à leur rôle de tailleurs de pierre. Il est donc particulièrement intéressant de découvrir un homme tenant un marteau sur l'arc di de Gerlanus à Saint Philibert de Tournus. Ce Gerlanus ayant inscrit son nom sur cet arc. Il s'agit donc ici de la première représentation personnalisée d'un artiste dans l'histoire de l'art occidentale.

La plupart des noms conservés sont ceux des artistes français et plus encore des artistes italiens, artistes issus de régions qui connurent très tôt un essor économique et politique particulier. On peut donc en conclure que les commanditaires temporels ou ecclésiastiques étaient parfaitement conscients et très fiers d'avoir engagé un maître important ou bien de faire travailler un atelier de renom. Mais les artistes n'étaient destinés à connaître la gloire qu'une fois franchie l'étape historique de l'urbanisation et de la bourgeoisie, lorsqu'ils eux-mêmes enfin conscience de leurs capacités et de la qualité de leur travail et qu'ils furent reconnus par la société. tel est le message d'un certain nombre de leurs signatures. Il ne faut cependant pas perdre de vue que le nom précédé de fecit (il a fait) est souvent celui du commanditaire et non celui de l'artiste. Figure quelques fois également le nom du maître qui dirigeait l'atelier. Dans le cas de groupes d'oeuvres similaires d'un point de vue stylistique n'ayant jamais été signés, l'histoire de l'art a forgé quelques appellations.

C'est ainsi que l'auteur de son église fût baptisé "maître de Cabestany" d'après le toponyme d'un petit village des environs de Perpignan. Son style semble avoir marqué nombre de sculptures et de sites fort distants les uns des autres. Ses personnages ont toujours une grande tête, un front plat, un nez long et fort et des yeux obliques en amande. Un autre trait marquant du style du maître de Cabestany sont leurs mains surdimensionnées avec des doigts très fins. Le sculpteur drapait souvent ses personnages à l'Antique sans pour autant dénoter d'intentions archaïsantes. Ce maître est l'une des personnalités les plus fascinantes de tout l'art roman. On lui attribue des oeuvres tant en Toscane qu'en Roussillon et même en Catalogne. Les historiens de l'art voient en lui un sculpteur itinérant venu de Toscane, qui a livré la plus grande partie de ses travaux sur les contreforts pyrénéens. Le mystère planant autour de sa personne a permis de supposer, il y a quelques temps, qu'il s'agissait d'un hérétique qui aurait parcouru le pays Cathare au cours du dernier quart du XIIème siècle.

Pour les dénominations par défaut, on n'a pas seulement puisé dans les noms de lieux où des oeuvres exceptionnelles ont été édifiées mais aussi dans le thème ou le motif abordés. Le nom du maître de Dona Sancha fait référence à celui de la défunte pour laquelle cet artiste anonyme avait exécuté un sarcophage.

(Auteur : Eisbär).

samedi 11 décembre 2010

Hermann Löns : sous le signe de la rune du loup.

Les livres d’Hermann Löns font partie de cette réaction intense contre le vide spirituel issu de l’industrialisation, de la vie dans les grandes villes, du matérialisme culturel et économique. Cette réaction a démarré vers 1890 en Allemagne et s’est poursuivie dans les années 1920.

Qualifié hâtivement de völkisch, ce mouvement d’origine paysanne fut plus exactement défini par Armin Mohler sous le terme de Landsvolkbewegung (mouvement paysan). Hermann Löns peut être considéré comme très proche de ce mouvement. Alors qu’à présent, les barbares sont à nos portes et que les campagnes n’ont jamais été aussi désertées et les villes aussi tentaculaires et tentatrices, il est bon de lire et relire cet auteur malheureusement méconnu en France.

Hermann Löns est né le 29 août 1866 à Kulm en Prusse occidentale sur les bords de la Vistule. Bon élève, il était passionné par la nature et tout particulièrement par les oiseaux. Il écrivit à l’âge de 16 ans un article sur Les oiseaux locaux, dénombrant et listant plus de 130 espèces. C’est durant ces années que Löns a développé ses talents d’observateur minutieux qui allaient lui être fort utiles dans ses récits de chasse et de nature. L’année 1884 vit son installation à Münster près de la maison de ses grands-parents, ce qui lui donna l’opportunité de renouer avec l’histoire de sa famille et lui conféra un sentiment d'appartenance à une lignée, sentiment qui n’allait plus le quitter.

Après des études en médecine puis en biologie, il s’installa à Hanovre en 1892 comme reporter. La position centrale de Hanovre fut un bienfait pour lui : en effet cette ville est proche de différentes sortes de paysages qui allaient s’avérer fascinants pour Löns : Harz, Suntel et surtout la lande du Lüneburg. Il travailla pour le Hannoversche Anzeiger et s’y fit un nom grâce à sa rubrique « les discussions du dimanche » dans laquelle il traitait avec un ton incisif et en usant de différents pseudonymes, de nombreux sujets locaux. Il se chargea ensuite de l’éditorial et des rubriques littéraires du journal et édita Niedersachsen, journal consacré au folklore et à l’histoire locale. Il publia Mein goldenes Buch (Mon livre doré), un recueil de poésies contenant des descriptions fort vivantes de scènes de chasse et de paysages naturels. Chasseur-poète et proche des animaux, il a toujours plus été plus intéressé par l’environnement de la chasse et son processus que par le fait de tuer une bête.

Il publia en 1907 un livre de nouvelles prenant place dans la lande de Lüneburg intitulé Mein braunes Buch (Mon livre brun). L’une de ces nouvelles : Der Rote Beeke (Le Ruisseau rouge), fut remarquée et fit l’objet d’une édition séparée et illustrée. Le ruisseau en question est composé des flots de sang déversé par les corps des chefs païens saxons ne voulant pas se convertir au christianisme et massacrés à Verden par Charlemagne et ses Francs. Cette nouvelle fut saluée par la critique littéraire de l’époque et valut à Löns le surnom de « poète de la lande ». L’Histoire des Saxons et des Germains intéressa Löns de plus en plus et l’influença considérablement. Il adopta à cette époque les anciens noms germains des mois, bien plus symboliques et liés au cycle naturel des saisons que les noms d’origine latine. Il adopta comme symbole personnel la Wolfsangel (rune du loup), utilisée par des générations de paysans de Basse-Saxe. Celle de Löns avait la forme d’un N renversé barré d’un trait vertical en son milieu. Bon nombre d’éditions de son roman Der Wehrwolf firent figurer en couverture des runes liées (Sowilo et Wolfsangel), ou des svastikas, les paysans de ce roman utilisent d’ailleurs la rune du loup comme signature dans leurs activités.

Löns devint un ardent défenseur des beautés naturelles de sa région et lutta pour l’établissement de parcs naturels afin de préserver des pans entiers de forêt de l’action néfaste de l'homme. Dans ses articles, il appelait autant à la conservation de la nature que celle des traditions, du folklore, des monuments et de la culture. Mein Blaues Buch (Mon livre bleu), publié en 1909, comprenait des poèmes à tonalité écologique et des ballades faisant référence à l’histoire germanique préchrétienne. Plus accessibles, les poèmes de Der Kleine Rosegarten (Le Petit jardin des roses) devinrent très populaires, certains furent même utilisés comme textes de chansons folk. Notons que bien plus tard, en 1932, un film sur la vie des habitants de la lande, Grün ist die Heide (Verte est la lande), intitulé comme le poème de Löns qui fut transformé par Karl Blume en chanson populaire (et que l’on entend dans le film), s’inspirera pauvrement des nouvelles et poèmes de Löns.

De 1907 à 1911 Löns vécut à Bückeburg, petit village de campagne, loin de la frénésie de Hanovre. C’est là qu’il écrivit son roman le plus célèbre (400.000 exemplaires vendus), le seul traduit en français (brillamment par Jean-Paul Allard) à ce jour : Der Wehrwolf. L’histoire se passe durant la Guerre de Trente Ans et met des fermiers saxons aux prises avec des maraudeurs suédois et autres éléments douteux voulant profiter du chaos instauré par la guerre pour piller la lande. Le titre jeu de mots du roman est révélateur, le Wehrwolf est un loup-garou et le verbe Wehren signifie « défendre ». Les paysans deviennent donc pour survivre des hommes-loups, des Wehrwolfe, utilisant une sauvagerie à la mesure de la violence de leurs assaillants et justifiée par la défense de leur clan. Ernst Jünger à la lecture de ce roman déclara y avoir retrouvé l’esprit des anciennes sagas.

Bien que fort malade et affaibli, Löns fit tout de même paraître un Mein buntes Buch (Mon livre coloré) et une chronique de village : Die Haüser von Ohlendorf (Les Maisons d’Ohlendorf). Il avait encore beaucoup de projets en tête, comme en attestaient ses dernières lettres, notamment un livre historique décrivant le combat épique qui opposa Widukind à Charlemagne ainsi qu’un roman intitulé L’Antéchrist, mais il n’eut pas le temps de le concrétiser. Sur sa demande, il partit au front le 24 août 1914 dans le 73ème régiment d’infanterie. Son journal intime n’est pas sans rappeler les livres écrits par Jünger sur la même époque : description d’une guerre mécanisée et industrielle, laissant peu de place à l’héroïsme individuel.


Il fut tué près de Reims en Champagne le 26 septembre 1914. Ses restes retrouvés par un paysan furent identifiés grâce à son matricule en 1933 et le nom de Löns fut donné à un espace naturel protégé de Würzburg. Hermann Löns fit l’objet d’un enterrement militaire près de Fallingbostel dans sa tant aimée lande lunebourgeoise.

Léopold Kessler, Réfléchir & Agir n°20, été 2005.

vendredi 10 décembre 2010

Victoire militaire française du 10 décembre.

10 décembre 1710
 
Vendôme écrase les Anglais, les Hollandais et les Autrichiens à Villaviciosa et libère l'Espagne de l'ennemi.

La cavalerie espagnole se couvre de gloire. Les Alliés sont désormais impuissants à chasser Philippe V du trône d'Espagne. La victoire française de Denain brisera également leur espoir de vaincre la France et mettra un terme à la Guerre de Succession d'Espagne.

Et dire qu’il y a encore des gens pour croire que l’histoire militaire française se résume a Azincourt, Waterloo ou Trafalgar…

(Auteur : Waterman)

jeudi 9 décembre 2010

Les Arvernes : un peuple fier et courageux.

Le peuple Arverne peut s’appuyer sur un sentiment national gaulois qui s’est conforté, semble-t-il, face aux prétentions romaines et réussit à faire oublier aux Gaulois leur goût immodéré pour les divisions.

César explique qu’avant même l’initiative de Vercingétorix, « les chefs de la Gaule tiennent des conciliabules dans des endroits au milieu des bois ». Ils tiennent un langage propre à exalter la fierté de leurs peuples : "Il vaut mieux mourir en combattant que de ne pas recouvrer la vieille gloire militaire qu’ils ont reçue de leurs ancêtres". Et, ajoute César, "on s’engage par des serments solennels autour des étendards rassemblés - cérémonie par laquelle, chez eux, on noue les liens les plus sacrés".

Ces mâles déterminations permettent à Vercingétorix de grouper rapidement, autour de ses Arvernes, les Sénons, les Parisiens, les Pictons, les Cadurques, les Turons, les Aulerques, les Lémovices, les Andes et tous les peuples riverains de l’Océan. Cela fait du monde... Vercingétorix peut donc engager le fer, d’autant que César, revenu en toute hâte d’Italie où il était allé faire sa propagande, pénètre dans le Massif central pourtant fortement enneigé. En Arvernie, Vercingétorix s’est solidement installé dans l’oppidum de Gergovie. César, convaincu de la supériorité militaire romaine, ordonne à ses légions de donner l’assaut. Celles-ci s’y cassent les dents et doivent refluer avec de lourdes pertes. Les Romains ont vérifié ce jour-là, à leurs dépens, l’efficacité des défenses gauloises (le murus gallicus, décrit par César et mis en évidence à Bibracte par l’archéologie, associe avec art, dans la construction des murailles, une armature interne en bois, les remblais de terre et les pierres de parement). Mais a joué aussi, à Gergovie, la farouche détermination des Gaulois, exaspérés par les massacres commis par les Romains (de l’aveu même de César, après la prise d’Avaricum, l’actuelle Bourges, ses soldats "n’épargnèrent ni les vieillards, ni les femmes, ni les enfants en bas age").


Mais Gergovie n'a été qu'un épisode dans la guerre des Gaules. Après ce succès, Vercingétorix a certes été confirmé dans ses fonctions de général en chef d’une vaste assemblée des peuples gaulois réunie sur l’oppidum de Bibracte (le mont Beuvray). Mais la défaite d’Alésia met un terme à la grande aventure. En s’offrant au vainqueur comme victime expiatoire, Vercingétorix entre dans l’immortalité. Le jeune chef arverne permet à sa patrie auvergnate d’apparaître comme le centre mythique d’une Gaule fière de son identité et capable de combattre pour elle jusqu’au sacrifice suprême. Capable, jusque dans la défaite, d’être fière de ce qu’elle est.

Pierre Vial.

mardi 7 décembre 2010

Les runes et la tradition primordiale.

Désignant l'écriture des anciens Germains, le mot rune signifie secret , mystère , termes directement évocateurs d'ésotérisme et d'initiation. Si, dans leur ensemble, les universitaires concèdent qu'il existe un usage religieux ou magique des runes, il n'entre pas dans leur conception du sacré que cette écriture fasse référence à ce qui, constituant sans doute la plus grande énigme de l'Histoire, appartient aux profondeurs de l'âme européenne.

S'écartant de la théorie officielle affirmant que les runes furent créées au premier siècle de notre ère à partir de lettres alpines ou nord-étrusques, le travail du professeur Sansonetti propose un tout autre regard sur ces caractères présentant la singularité de privilégier les formes angulaires, comme pour transcrire une géométrie sacrée formatrice des structures mentales d'un être originel en résonance avec l'univers. Conséquemment à cela, le décryptage du système runique apporterait la preuve de l'existence de ce que l'on nomme, depuis René Guénon, la Tradition primordiale, source même des divers domaines initiatiques.

Paul-Georges Sansonetti. Les runes et la tradition primordiales. Editions Exèdre.

lundi 6 décembre 2010

La symbolique européenne du loup.

Concernant les fondateurs de l’Urbs, Romulus et Remus, le choix de la Louve, comme mère de substitution, n’est nullement dû au hasard et s’explique en référence au père des jumeaux : Mars, le Dieu de la Guerre, qui se manifestait accompagné du Loup, emblème de son être intime, relevant de la même nature que l’animal totémique. Les Romains ont su exploiter ce lien Mars/Loup et utiliser le symbole du Loup dans leurs armées et sous de multiples variantes.

Aux temps auroraux de la Ville, le Loup était l’emblème des légions et, jusqu’à l’ère impériale, les légions alignaient une partie de leurs effectifs, les vélites, légèrement armés, vêtus de peaux de loup et arborant des crânes de l’animal. Bon nombre de porte-drapeaux portaient également des peaux de loup. On peut aisément supposer qu’aux temps de Rome demeurait une réminiscence des très anciennes « compagnies du Loup », depuis longtemps oubliées, même au moment où Rome est sortie des ténèbres de la proto-histoire pour émerger dans la lumière des temps connus. Leur simple présence dans l’héritage romain rappelle l’existence de compagnies ou communautés similaires chez d’autres peuples indo-européens.

L’historien Georg Scheibelreiter nous signale, dans son œuvre, qu’aucun autre nom d’animal n’est aussi fréquent dans les noms ou prénoms personnels que celui du loup : du védique vrka-deva, signifiant probablement « Dieu-Loup », en passant par le grec « Lykophron » (« Conseil de Loup ») ou le celtique « Cunobellinus » (« Chien ou Loup de Belenos »), jusqu’aux prénoms germaniques Wolf, Wulf, Wolfgang, Wolfram, Wolfhart. Lorsque l’on donnait un nom à un enfant, il n’y avait pas que la sympathie individuelle que l’on éprouvait à l’endroit de l’animal qui jouait, mais aussi le souhait de conférer à l’enfant ses qualités. Jusqu’aux temps modernes, on a appelé Werwolf (loup-garou), les hommes qui avaient la capacité de se muer en loups ou étaient contraints de le faire. Ce mythème s’enracine vraisemblablement dans l’apparition d’individualités ou de communautés entrant en transe, vêtues de peaux, pour se transformer en bêtes échevelées.

Les cultures préchrétiennes s’étaient déjà distanciées de tels phénomènes, même si les Romains avec Mars, ou les Grecs avec Zeus et Apollon  honoraient des dieux accompagnés de loups. L’attitude dominante était un mélange de vénération et d’effroi, où ce dernier sentiment finissait toutefois par dominer : un loup, nommé Freki, suivait également le dieu germanique Wotan/Odin, mais les Germains croyaient aussi qu’au crépuscule des dieux, Odin lui-même allait être avalé par le loup Fenrir, aux dimensions monstrueuses. Dans l’Edda, l’Âge du Loup correspond à l’Âge sombre qui précède le Ragnarök.

Tous ces faits mythologiques expliquent pourquoi le loup, après la christianisation, ait perdu toute signification symbolique positive. Il était non seulement un indice de paganisme mais aussi et surtout la manifestation du mal en soi. Cette vision du loup s’est perpétuée dans nos contes. Le loup disparaît également des emblèmes guerriers de l’Europe ou n’y fait plus que de très rares apparitions.

Karlheinz Weissmann, Junge Freiheit n°51/2007

dimanche 5 décembre 2010

Blind guardian : The Bard's Song.

L'excellent groupe de heavy metal allemand Blind Guardian, depuis ses débuts, s'inspire pour ses textes comme pour sa musique de l'oeuvre de J.R.R.Tolkien, autrement dit de l'imaginaire européen. Dans ce morceau acoustique The Bard's Song, extrait de l'album Somewhere far Beyond (1992), c'est le barde de tradition celtique qui élève sa voix pour nous mener avec lui sur les hauteurs.

samedi 4 décembre 2010

L'amour courtois, une tradition européenne du Moyen âge.

«L’amour courtois» est une expression consacrée. L’expression se réfère à une tradition typiquement européenne du Moyen âge, florissante en France à partir du XIIème siècle, grâce au pouvoir politique d’Aliénor d’Aquitaine, de Marie de France, adjointes à l’écriture de Chrétien de Troyes. Il existe différentes écoles quant à l’interprétation de l’amour courtois mais l’on peut dégager quelques traits d’ensemble : l’homme est au service de sa dame, à l’affût de ses désirs et reste d’une fidélité à toute épreuve.

C’est un amour hors mariage, prude mais non platonique, ancré dans les sens et le corps autant que l’esprit et l’âme. L’amoureux, dévoué à sa dame était, normalement, d’un rang social inférieur, c’est un noble de première génération en passe de conquérir ses titres de chevalerie. Le sentiment de l’amant est censé s’amplifier, son désir grandir. L’élue peut feindre l’indifférence : on nommait ce tourment, à la fois plaisant et douloureux, joï (à ne pas confondre avec joie). Ce concept devint une vertu essentielle du code chevaleresque européen.

La vision de l’amour courtois s’imposa progressivement dans les mœurs du Moyen âge et permit de laisser une place à l’amour dans la vie quotidienne.L’amour courtois est un thème dominant de la littérature médiévale française. Il a révolutionné le rapport des sexes et par là les rapports sociaux en général.

vendredi 3 décembre 2010

Ezra Pound, maître d'une poésie romanesque et brutale.

Qu'on ne s'y trompe pas. Malgré son prénom aux consonances bibliques et les airs de prophète qu'il prenait volontiers vers la fin de sa vie, Ezra Pound n'a été ni dans son œuvre ni dans son existence l’enfant de cœur tourmenté par la notion de péché ou d'humilité. Dis­sident de l'Amérique, du mauvais goût et des valeurs approximatives d'un pays où la Bible et le dollar tiennent lieu de référence, Pound l'est déjà dès son plus jeune âge. « J'écrirai, déclare-t-il à l'âge de 12 ans, les plus grands poèmes jamais écrits ». En cette fin de XIXe siècle, en plein Wild West américain, il se découvre une vocation poétique pour le moins incongrue si l'on en juge par les préoccupations de ses compatriotes de l'époque, plus soucieux de bâtir des empires financiers que de partir en guerre contre des moulins à vent. Pendant des années, en subissant les vexations des cuistres, il va se consacrer à l'étude du provençal et à l'art des ménestrels et troubadours précurseurs de la littérature moderne.

Des poèmes comme "L'arbre", témoins, comme le note Tytell, d'un paga­nisme croissant, et sa haine de l'Amérique sont le signe avant-coureur que sa vie entière allait devenir un défi lancé aux systèmes occidentaux et une dénonciation de la religion moderne qu'il tenait pour la servante de ces systèmes. Les conflits incessants avec le monde universitaire qui lui refuse quelque chaire, l'ordre moral et l'étroitesse d'esprit de ses contemporains vont avoir pour conséquence le départ de Pound pour l'Europe. Venise, tout d'abord, où il s'exerce au dur métier de gondolier, puis Londres, où son talent va enfin éclore. C'est pour lui le temps des amitiés littéraires avec George Bernard Shaw, puis James Joyce, T.S. Eliot.

Le Londres aux mœurs victo­riennes ne nuit en rien pour l'heure à l'effervescence d'un génie que l'on commence à voir poindre ici et là dans les revues auxquelles il collabore. La guerre de 14 éclate et nombre des amis de Pound n'en reviendront pas. « C'est une perte pour l'art qu'il faudra venger », écrit-il, plus convaincu que quiconque que cette guerre est une plaie dont l'Europe aura bien du mal à cicatriser. Peu après, il se met à travailler à un nouveau poème, « un poème criséléphan­tesque d'une longueur incommen­surable qui m'occupera pendant les quatre prochaines décennies jusqu'à ce que cela devienne la barbe ». Les Cantos, l'œuvre maîtresse et fondamentale de Pound, était née.

Puis, las de la rigueur anglaise et des Britanniques qu'il juge snobs et hermétiques à toute forme d'art, Pound décide de partir pour la France.

Il débarque dans le Paris léger et enivrant de l'après-guerre lorsque brillent encore les mille feux de l'intelligence et de l'esprit. Les phares de l'époque s'appellent Coc­teau, Aragon, Maurras et Gide. Pound s'installe rue Notre-Dame­-des-Champs et se consacre à la littérature et aux femmes. À Paris toujours, il rencontre Ernest Hemingway, alors jeune joumalis­te, qui écrira que « le grand poète Pound consacre un cinquième de son temps à la poésie, et le reste a aider ses amis du point de vue matériel et artistique. Il les défend lorsqu'ils sont attaqués, les fait publier dans les revues et les sort de prison. »

La France pourtant ne lui convient déjà plus. À la petite histoire des potins parisiens, il préfère l'Histoire et ses remous italiens. L'aura romanesque d'un D'Annun­zio et la brutalité de la pensée fas­ciste l'attirent comme un aimant.


Pound obtient une tribune à la radio de Rome. L'Amérique, « Jew York » et Confu­cius vont devenir ses chevaux de bataille. Pendant des années, le délire verbal et l'insulte vont tenir lieu de discours à Pound, un genre peu apprécié de ses compatriotes...

En 1943 le régime fasciste s'écroule, mais la République de Salo, pure et dure, mêlera la tragédie au rêve. Les GI's triomphants encagent le poète à Pise avant de l'expédier aux États-Unis pour qu'il y soit jugé. « Haute trahison, intelligence avec l'ennemi », ne cessent de rabâcher ses détracteurs nombreux. Pound échappe à la corde mais pas à l'outrage d'être interné pendant douze ans dans un hôpital psychiatrique des environs de Washington. Lorsqu'on lui demanda de quoi il parlait avec les toubibs, il répondit : « D'honneur. C'est pas qu'ils y croient pas. C'est simplement qu'ils n'en ont jamais entendu parler. »
Le 9 juillet 1958, le vieux cowboy revient à Naples et dans une ultime provocation répond à l'attente des journalistes par le salut fasciste, dernier bras d'honneur du rebelle céleste.

• Ezra Pound, le volcan solitaire, John Tytell, Seghers.

jeudi 2 décembre 2010

Il y a de plus en plus d'hommes obéissants et dociles.

« Je pense depuis longtemps que si un jour les méthodes de destruction de plus en plus efficaces finissent par rayer notre espèce de la planète, ce ne sera pas la cruauté qui sera la cause de notre extinction, et moins encore, bien entendu, l'indignation qu'éveille la cruauté, ni même les représailles et la vengeance qu'elle s'attire... mais la docilité, l'absence de responsabilité de l'homme moderne, son acceptation vile et servile du moindre décret public. Les horreurs auxquelles nous avons assisté, les horreurs encore plus abominables auxquelles nous allons maintenant assister, ne signalent pas que les rebelles, les insubordonnés, les réfractaires sont de plus en plus nombreux dans le monde, mais plutôt qu'il y a de plus en plus d'hommes obéissants et dociles. »

Georges Bernanos.

mercredi 1 décembre 2010

Le pâté de Chartres, un monument gastronomique de la Beauce.

Cet autre monument culturel après la cathédrale, le Pâté de Chartres est le plus joli fleuron gastronomique de la capitale de la Beauce. Il est élaboré à base de gibier mariné, mélangé à de la viande de porc et de veau, ainsi qu’à différentes sortes de foies, dont du foie gras, avec des oignons, des truffes, des épices et du cognac. Il est ensuite cuit en terrine ou, plus caractéristique et traditionnel, en croûte.

Probablement créé au XVIIème siècle, voire au XVIème siècle, les viandes employées alors était constituées de petit gibier à plumes aujourd’hui protégé : mauviette, alouette, pluvier et guignard, oiseau migrateur faisant jadis halte volontiers dans le Loiret et en Beauce (remplacé aujourd’hui par du perdreau ou du faisan).On raconte que pour contenter Henri de Navarre, amateur de bonne chère, de fabuleux pâté de Chartres furent confectionnés pour le festin qui suivit le sacre en la cathédrale de Chartres le 24 février 1594. Le pâté de Chartres a surtout été rendu fameux au XVIIIème siècle par Philippe, ancien cuisinier du duc d’Orléans, également célèbre pour ses joutes oratoires avec son concurrent et ancien élève, Lemoine. En 1885, le pâté de Chartres est lauréat d’un concours culinaire qui se tient à Paris, où le pâtissier Voisin obtient « une médaille d’or de première classe, à titre exceptionnel, pour l’excellence de ses pâtés de Chartres ».


Recette de Benoît Pasquier, Président de la Confrérie des Fins Gourmets d’Eure-et-Loir.

Pour la pâte :

500g de farine
200g de beurre
10g de sel
20cl d’eau
2 jaunes d’oeufs

Pour la farce :

Un demi lobe de foie gras frais
300 g de noix de veau
300 g de porc frais
200 g de foies de volaille
4 perdreaux et leurs abats
200 g de barde
Une poignée de pistaches décortiquées
Sel,Poivre, Epices
3 cl de Cognac, 3 cl de Porto
3 cl de fumet de gibier confectionné avec les carcasses des perdreaux.

Progression de la recette :

Prenez quatre perdreaux de plaine de Beauce, tués depuis quatre jours. Après les avoir plumés, flambés et vidés, ouvrez les par le dos. Piquez les filets avec de gros lardons (c’est ce qu’on appelle aussi fusiller les perdreaux). Garnissez l’intérieur d’une farce composée de porc, veau et foies de volaille, abats de gibier, pistaches préalablement mise en marinade avec du cognac et du porto ainsi que des épices (à raison d’un tiers chaque). Il faut alors conserver la moitié de la farce à laquelle on ajoutera des morceaux de foie gras cru et de truffe.

Faites d’autre part une bonne pâte au beurre bien ferme. Etendez-la sur la table en une large abaisse bien ronde.Au centre déposez un lit de farce.Couchez les perdreaux sur la farce en bouchant tous les interstices.

Elevez la pâte autour de l’ensemble en prenant soin de ne laisser aucun vide. Avant de souder le couvercle, mettez sur le tout un morceau de beurre et une feuille de laurier.Pincez tout autour.Dorez à l’œuf sans oublier de poser une cheminée en aluminium pour que la vapeur de cuisson se libère et cuisez au four à 180° pendant 2h15 environ.

Bon appétit !